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Per far dansar ; Aval aval
La Granja. Collecteur
Cantar en trabalhant

Rude, voire pénible, le travail essentiellement manuel s’étale au long de journées bien plus longues que celles que nous connaissons aujourd’hui. Alors, pour se donner du coeur à l’ouvrage, on chante ! Les chants de labeur marquent la cadence de travaux souvent répétitifs. Ils offrent aussi une distraction en relatant des thèmes romanesques.

Les grandes foires de la Saint-Clair, le 1er juin, sont l’occasion de recruter des valets de ferme, souvent des enfants ou des adolescents. Cet événement annuel a laissé l’expression far Sant Clar qui signifie quitter son patron ou bien renvoyer son employé selon le cas.

C’est à l’occasion de grands travaux collectifs tels les moissons et les vendanges (las meissons e las vendenhas) que les travailleurs chantent et dansent, chaque corps de métier ayant son répertoire. Ces travaux donnent leur nom à de grandes fêtes qui les clôturent : la rastolhenca o garba bauda, fête de fin de moissons, la vendenhenca à la fin des vendanges... Les mêmes répertoires sont parfois chantés aux patrons en guise d’hommage et d’adieu jusqu’à la saison prochaine.

[Atlas sonore bourian, p. 44]
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Quand te disiá de venir ; Tres menetas assembladas
La Granja. Collecteur
Litanie facétieuse : Roger Bouyssou
Monologue chanté :
Christian Perboyre

Contes e racontes de velhada

Ah, la veillée !

On se retrouve dans le cantou (canton), la vaste cheminée, coeur de la maison, pour casser les noix (rascals), préparer les feuilles de tabac (tabat) ou égrainer le maïs (milh). La veillée est une manière conviviale de clôturer une rude journée de labeur par un travail plus tranquille et surtout collectif, assis au coin du feu. Si elle est synonyme d’entraide et de convivialité, c’est parce qu’elle existe dans un contexte de relative promiscuité (trois générations vivent souvent sous le même toit), de faible mécanisation des tâches et bien sûr, d’absence de médias tels que radio et télévision jusque dans les années 60.

Toute la famille s’y retrouve, et parfois les voisins s’y joignent. On y relate les histoires de famille, les contes, proverbes et légendes, quelquefois même on chante et on danse.

[Atlas sonore bourian, p. 30]
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Piòts e pintarras ; Lo rossinhòl ; Los agachs
La Granja. Collecteur
Mimologisme : enfants de l'Ecole de Cazals dans le Lot
Imitation et récit :
Christian Perboyre

La lenga dels ausèls

De toutes les bêtes qui côtoient l’humain, les oiseaux sont sûrement ceux dont la parole est la plus prolixe.

L’occitan a créé une multitude de mimologismes d’oiseaux, ces mots qui imitent un son et en particulier leur chant (lyu lyu, cascarasca...).

Savoir les imiter (degaunhar) est un signe d’adresse en même temps qu’une façon de les attirer pour les contempler, bavarder avec eux ou bien les chasser (les chasseurs utilisent des appeaux taillés dans le bois). Ces chants démontrent que les anciens possédaient une solide connaissance de la nature et savaient s’adapter à ses lois.

[Atlas sonore bourian, p. 26]
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Se parar dels lops ; Lo tesson
La Granja. Collecteur
Fai-me paur !

Le loup-garou ! Lo loperon !

Il surgit les nuits de pleine lune, traversant la mince frontière entre l’humain et l’animal. Rôdant non loin de lui au fond des sombres forêts, on redoute aussi la fachilhèra, tantôt sorcière, tantôt fée, dotée du terrible pouvoir du mauvais oeil, lo missant còp d’èlh... Et les escantits, feux follets dont la lueur tremblante rappelle aux vivants qu’ils doivent les honorer... Nous avons peur. Enfants qui absorbent en toute confiance les menaces et les recommandations parentales, ou adultes qui savent écouter en eux le frisson irrationnel devant le sacré, nous avons peur.

Mais ces peurs servent de préceptes d’éducation pour guider l’enfant dans la morale et le monde réel. Elles permettent aussi de donner, par la force de l’imaginaire, des réponses aux questions que la science n’a pas encore éclairées.

[Atlas sonore bourian, p. 22]